Qu'est-ce que la violence ?
La violence conjugale est particulière parce qu'elle s'immisce entre deux personnes ayant un lien affectif. Elle ne peut être considérée comme des difficultés de couple passagères, car elle reflète plutôt un problème social causé par l’inégalité et le rapport de pouvoir entre les hommes et les femmes au sein de la société. Toutes les femmes peuvent être victimes de violence conjugale, peu importe l’âge, l’origine ethnique, la classe sociale, le niveau d’éducation, la religion ou la situation socio-économique.
La violence conjugale comprend les agressions verbales, psychologiques, physiques et sexuelles, ainsi que des actes de domination sociale, économique et spirituelle/religieuse. Elle constitue une prise de contrôle sur la conjointe, un moyen choisi pour la dominer.
La violence conjugale s’installe de façon insidieuse et graduelle. Elle est caractérisée par son aspect cyclique qui prend les femmes, qui en sont victimes, en otage. En effet, l’alternance entre les actes violents et les promesses du conjoint entretient l’espoir d’une relation saine et respectueuse chez la femme violentée. Comprendre dans quel tourbillon la femme se retrouve, c’est mieux comprendre pourquoi il est parfois si difficile d’envisager de quitter, définitivement ou temporairement, cette relation.
Distinguer le conflit de la violence
Il est parfois difficile de distinguer la dispute, qui peut comprendre des actes agressifs, de la violence. Pourtant, certains éléments aident à distinguer les deux phénomènes.
Conflit
Violence
La recherche
de pouvoir
La présence
d'un cycle
La responsabilisation, les excuses, l'empathie.
La présence de compromis
Les protagonistes veulent trouver une solution et peuvent pour cela chercher à prendre le pouvoir sur la situation.
(Exemple : Je veux éteindre la télévision pour dormir, je deviens agressif car malgré mes arguments et ma fatigue manifeste, l'autre refuse. Mon but est de dormir.)
Le conflit apparait avec l'arrivée d'un évènement déclencheur (qui peut parfois paraitre futile à l'un des partenaires). Il n'est pas toujours possible d'anticiper ce conflit.
Un conflit peut conduire à des propos ou actes inappropriés. Dans ce cas, l'auteur de ces derniers sera en capacité de reconnaitre sa responsabilité, de s'excuser et de mettre en place des moyens pour ne pas recommencer.
(Exemple : Je n'aurais pas du t'insulter, j'étais fatigué et je n'ai pas su me maitriser, j'ai été idiot de réagir de cette façon. La prochaine fois je ne dirai pas ça.)
Le conflit est caractérisé par la présence de compromis afin de permettre à toutes les personnes de trouver une solution qui leur convient.
L'auteur des violences cherche à prendre le contrôle sur la personne, peu importe la situation.
(Exemple : Je veux éteindre la télévision pour dormir. Je deviens agressif car l'autre me demande d'attendre la fin de l'épisode, dans 3 min. Mon but est de rappeler que lorsque je dis qu'on éteint, on éteint.)
La violence conjugale répond à un cycle de quatre phases qui se répètent inlassablement. La crise peut arriver sans élément déclencheur.
Généralement, lors d'une relation violence, l'auteur n'est pas capable de reconnaitre sa responsabilité. Il ne fera donc pas d'excuses sincères et cherchera à justifier son comportement notamment en culpabilisant la victime. L'auteur semble peu enclin à instaurer des moyens de réparation.
(Exemple : Je n'aurais pas du t'insulter, mais si tu avais éteint la télévision je n'aurais pas réagi comme ça. Tu sais bien comment je suis lorsque je suis fatigué.)
Dans un cas de violence conjugale, c'est toujours la même personne qui "gagne" et les compromis sont toujours fait par la victime.
Le cycle de la violence
La violence conjugale est caractérisée par un cycle de quatre phases qui se répètent.
La tension : L'auteur a un comportement plus froid, plus irritable et peut faire usage de menaces. La victime ressent le devoir de "marcher sur des œufs" pour ne pas déclencher de crise.
L'agression : L'auteur exécute l'acte de violence choisi (physique, psychologique, verbale, sexuelle, etc.). La victime fait face à différents sentiments tels que la colère, la tristesse, l'injustice, etc.
La justification : L'auteur se cherche des excuses et justifie son comportement, déchargeant ainsi sa responsabilité. La victime remet en question ses actions et ses émotions, finissant par se sentir responsable de la situation.
La lune de miel : L'auteur démontre une attitude conciliante, manifestant une détermination à obtenir le pardon à tout prix. Parallèlement, la victime adapte son comportement à la vue d'un retour à une relation idyllique.
Les types de violence
Violence psychologique : Adopter des attitudes et comportements qui visent à déstabiliser la victime et compromettre son bien-être.
Violence verbale : Créer par la parole un sentiment de peur, d'insécurité ou d'humiliation.
Violence sociale : Contrôler les relations interpersonnelles de l'autre en adoptant des jugements sévères et négatifs de ses relations.
Violence physique : Utiliser la force physique afin de contrôler l'autre et de compromettre son intégrité physique de façon directe ou indirecte.
Violence économique : S'approprier les décisions économiques de la famille.
Violence spirituelle : Utiliser la religion et les croyances pour manipuler, dominer ou contrôler.
Violence technologique : Utiliser les nouvelles technologies pour contrôler ou humilier.
Violence sexuelle : Utiliser des comportements, paroles et gestes à connotation sexuelle, dans un contexte d'absence de consentement.
Violence post-séparation : Faire vivre toute forme de violence à son ex-partenaire
Le contrôle coercitif
Le contrôle coercitif permet de mieux comprendre l'emprise qui peut exister entre la victime et l'auteur de violence conjugale.
Ce concept a été développé par Evan Stark, chercheur américain en sociologie et en travail social. Il décrit le contrôle coercitif comme une tendance à la violence non physique entre partenaires intimes. Selon lui, le contrôle coercitif englobe diverses tactiques visant à blesser, humilier, exploiter, isoler et dominer la victime.
Le contrôle coercitif met en évidence l'effet cumulatif et invisible des stratégies de l'agresseur dont plusieurs peuvent être perçues comme inoffensives. Le but ultime du contrôle coercitif étant d'éliminer le sentiment de liberté à la victime.
Isoler la personne de son entourage
Surveiller la personne par différents moyens
Contrôler l'argent détenu ou dépensé par la personne
Rabaisser, humilier ou insulter la personne
Menacer de blesser la personne
Menacer de communiquer des renseignements personnels
Etc.
Exemples de contrôle coercitif
Violence physique
Utiliser la force physique afin de contrôler l'autre et de compromettre son intégrité physique de façon directe ou indirecte.
Violence économique
S'approprier les décisions économiques de la famille.
Violence spirituelle
Utiliser la religion et les croyances pour manipuler, dominer ou contrôler.
Violence technologique
Utiliser les nouvelles technologies pour contrôler ou humilier.
Violence sexuelle
Utiliser des comportements, paroles et gestes à connotation sexuelle, dans un contexte d'absence de consentement.
Violence post-séparation
Faire vivre toute forme de violence à son ex-partenaire
Les conséquences des violences pour les victimes
La violence conjugale ébranle tous les aspects de la vie des victimes.
Conséquences sur l’état général de la santé : Fatigue; Anémie; Maux de tête; Troubles du sommeil, incluant insomnie et cauchemars; Problèmes reliés à l’alimentation.
Conséquences psychologiques : Peur; Colère; Perte d’estime de soi; Sentiment de honte et de culpabilité; Sentiment d’impuissance et de confusion face à la situation; Isolement; Dépression; Idées suicidaires; Symptômes de stress post-traumatique (souvenirs envahissants, rêves récurrents, flashbacks), etc.
Conséquences physiques : Ecchymoses; Coupures; Brûlures; Éraflures; Cicatrices; Fractures; Dislocations; Dommages aux organes internes; Meurtre.
Conséquences sexuelles : Douleurs; Infections vaginales ou urinaires chroniques; Grossesses non désirées; Fausses couches; Infections transmises sexuellement et par le sang (ITSS); Peur de l’intimité.
Conséquences socio-économiques : Perte de concentration; Absentéisme au travail;
Baisse de revenu; Perte d’emploi; Isolement social.
Les conséquences pour les enfants exposés à la violence
L’exposition des enfants à la violence conjugale est très dommageable et est considérée comme une forme de mauvais traitements psychologiques selon la Loi de la Protection de la Jeunesse (LPJ). Qu’ils soient physiquement présents lors des épisodes de violence ou qu’ils entendent les cris, ces enfants vivent dans un climat de tension et de peur et peuvent en être affectés à différents niveaux (physique, psychologique, émotionnel, cognitif et social).
Les conséquences sur les enfants sont nombreuses et se manifestent de différentes façon selon l'enfant.